La généralisation du Revenu de solidarité active (RSA), promu par Martin Hirsch, est symptomatique de la tactique sarkozyste : faire mine de casser les clivages et prendre au dépourvu l'opposition. Il faut dire que la critique sur la méthode ou le manque de moyens, rhétorique classique du PS, a pris le pas sur la mise en discours d'une autre manière de penser les ruptures nécessaires. En l'occurrence, c'est le fond même du projet de RSA qu'une opposition digne de ce nom devrait épingler.
Le RSA est un complément de ressources pour les bénéficiaires de minima sociaux (RMI, API) qui reprennent une activité. Si l'on ne mégote pas avec les riches comme l'a symbolisé le paquet fiscal en début d'ère Sarkozy (14 milliards d'euros), la bataille fut rude pour dégager le 1,5 milliard d'euros destinés à l'aide aux plus pauvres. Depuis plusieurs mois, le gouvernement songeait à déshabiller Paul pour habiller Martin, en prenant notamment sur la Prime pour l'emploi (PPE) de quoi payer le RSA. Les enjeux de financement ont occupé la polémique quand la philosophie du dispositif semblait, elle, recueillir le consensus. La gauche en son temps n'avait-elle pas déjà créé un système de compensation pour lutter contre les effets de seuil ? Le RSA ne figurait-il pas en trente deuxième position dans le programme de Ségolène Royal ? Du coup, l'annonce par le président de la République qu'il s'agirait finalement de taxer les revenus du patrimoine a coupé l'herbe sous le pied des socialistes. Et Martin