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TRIBUNE

La dictature de la tolérance

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par Pierre ZIMMER
publié le 4 septembre 2008 à 4h52

De nos jours, ça peut paraître un peu paradoxal mais on est sous le joug de la dictature de la tolérance. Il faudrait à tout prix être tolérant. Tolérant avec tout le monde, à tout moment et sur tous les sujets. Et au nom de quel impératif catégorique ? On se doit d'être et de faire dans l'affectivement correct. Ce n'est pas seulement fatiguant. C'est intolérable. «Tu pourrais être tolérant», s'entend-on dire en permanence. Et qui n'est pas dans cette bulle idyllique est immédiatement taxé d'obscurantisme, de fascisme, de dogmatisme. Cette tolérance sans borne est tyrannique. Elle peut être aussi néfaste que les méfaits de l'intolérance. Si tout est tolérance, alors rien n'est tolérance. Non, j'ose l'affirmer, la tolérance n'est pas obligatoire ; elle se mérite. Non seulement il faut être dans de bonnes dispositions d'esprit mais il faut aussi en avoir envie. Et en plus la tolérance requiert la réciprocité.

Nous vivions dans l'ère de la transparence. Nous vivons désormais dans la dictature de la tolérance. Monde du travail ou de l'entreprise, sphère privée, domaine social ou politique, ici, chacun, responsable, salarié, citoyen, homme politique, parent d'élève, enseignant est confronté à cette question lancinante : jusqu'au tolérer l'intolérable ? Quels sont nos repères ? Quelle attitude adopter ? Comment peut-on être tolérant, alors que du soir au matin nous sommes assaillis de règles, d'interdits et de codes tous issus de la pensée unique et grégaire ? C'est pourquoi je pré