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Libération
TRIBUNE

Privatisation de la Poste : pour qui ? pour quoi ?

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par Benoît Duteurtre
publié le 4 septembre 2008 à 4h52

Cet été, sur une route perdue des Alpes où le réseau du portable n'accrochait guère, je suis entré dans une salutaire cabine téléphonique. Le tarif y est vingt fois plus élevé qu'avant la déréglementation des télécommunications (3 euros pour un appel local, contre un franc il y a dix ans), mais j'étais, somme toute, satisfait de bénéficier d'un tel service d'urgence. Sans me plaindre, j'ai donc introduit ma carte de crédit pour informer l'hôtel, où je me rendais, d'un retard imprévu. N'ayant pas le numéro sur moi, j'allais machinalement composer le «12», quand je me suis rappelé que le 12 avait disparu, remplacé par une flopée de nouveaux services dont je n'avais pas mémorisé les numéros, tant leur publicité tapageuse avait introduit de confusion dans mon esprit. Un de ces numéros figuraient probablement sur le panneau à l'intérieur de la cabine. Mais non, aucun n'était inscrit, respect de la concurrence oblige. Embarrassé, j'ai fini par composer le 12, à la recherche d'un indice. Une voix préenregistrée m'a aussitôt rappelé que le 12 était remplacé par des numéros à six chiffres, «commençant par 118» - mais sans m'en dire d'avantage, toujours par respect de la concurrence libre et non faussée. Pour le reste, elle m'invitait à consulter un site Internet, chose fort simple pour le voyageur égaré sur une petite route de montagne. Désemparé, j'ai fini par sortir piteusement dans ce village presque désert pour interroger les habitants qui n'en savaient guère plus que moi. Dix mi