Il y a trois gagnants, à ce jour, dans la crise géorgienne. La Fédération de Russie a remporté, là, une double victoire. Elle a montré à tous ceux qui avaient pu l'ignorer qu'elle était sortie de sa déchéance des années 1990. Elle a démontré qu'elle avait tous les moyens d'empêcher que l'Otan ne s'étende jusqu'à ses frontières en s'élargissant à l'Ukraine et à la Géorgie. Elle a prouvé que les Etats-Unis n'avaient ni les moyens ni la folie d'entrer en guerre avec elle pour tenter de s'agréger ses marches. Grâce à l'erreur commise par Mikhaïl Saakachvili lorsqu'il s'était lancé à la reconquête de sa province ossète, la Russie s'est, en un mot, réimposée sur la scène internationale mais ce n'est pas tout. Infiniment plus rassurant, elle a également remporté une victoire sur elle-même en choisissant le long terme contre le court, l'intelligence politique contre l'étalage de ses muscles.
La Russie aurait parfaitement pu camper sur ses positions et ne pas donner, lundi, de preuves de bonne volonté à la délégation européenne conduite par Nicolas Sarkozy. Dmitri Medvedev, son nouveau président, aurait pu ne pas s'engager à replier, sous un mois, ses troupes vers les régions abkhaze et ossète, ne pas permettre le déploiement d'observateurs de l'Union européenne en Géorgie et ne pas accepter l'ouverture, le 15 octobre, à Genève, d'une conférence internationale sur «la sécurité et la stabilité» de ces deux régions.
Le rapport de forces l'aurait permis à la Russie mais, au terme de longs