L'Otan a déjà perdu la guerre d'Afghanistan : les objectifs initiaux sont largement hors d'atteinte et le principal risque est que la «fermeté» soit le masque du déni de réalité («ceci n'est pas une guerre») et de l'immobilisme qui conduiront, dans quelques années, à une fuite désordonnée. En raison des erreurs commises depuis 2001, les stratégies jouables sont désormais en nombre limité. A ce stade, le seul objectif réaliste est d'interdire la victoire des talibans par un retrait progressif des troupes combattantes et le maintien d'un gouvernement allié à Kaboul, c'est-à-dire le contraire de la stratégie actuellement suivie.
L'équation militaire est simple : les Occidentaux ont accru leur présence de 20 000 à plus de 70 000 hommes de 2001 à 2008, les pertes augmentent régulièrement, elles atteindront bientôt le millier (depuis 2001). Les bombardements ont augmenté en intensité en raison du nombre restreint de troupes au sol, ce qui entraîne des pertes civiles en nombre croissant. Ces incidents mettent également en évidence la faiblesse inquiétante du renseignement occidental. La majorité de la population, sans nécessairement soutenir les talibans, rejette maintenant la présence occidentale, qui rappelle à beaucoup l'occupation soviétique. Le gouvernement Karzaï, pourtant soutenu à bout de bras par les Etats-Unis, tente de sauver un semblant de crédibilité en protestant contre les opérations de la coalition. L'insécurité est telle que les talibans peuvent interdire la tenue d