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TRIBUNE

Louella n'est plus là, mort d'un journaliste artiste

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publié le 18 septembre 2008 à 5h03

«Elle était en vie d'une façon très spéciale, ça ne relève pas du sens commun». C'est ainsi qu'une amie de longue date de Marc Raynal commente sa mort, survenue hier matin à son domicileparisien. Marc Raynal ? C'est un nom qui aujourd'hui ne dit quelque chose qu'à sa famille ou ses intimes. Par contre les plus anciens lecteurs de Libération se souviennent des articles signés Louella Intérim (pour le cinéma), Maud Molyneux (pour la mode), Dora Forbes (pour la littérature). Or, Maud, Louella, Dora, c'était elle, c'était lui. Sous ces différents pseudonymes, Marc R. a vécu plusieurs vies.

Né en 1947 dans une famille de haute bourgeoisie, il mène des études de bon élève à l'Ecole alsacienne. Après il suit un cursus de lettres à la Sorbonne jusqu'à l'agrégation, qu'il rate, recalé par la question : «Qu'est-ce que le décadentisme ?» Un comble, le jeune homme développant une extravagance morale et vestimentaire qui cite aussi bien Des Esseintes que les excentriques anglais. Une condisciple se souvient : «Nous nous promenions de la fac à la Cinémathèque. Sinon, c'était le séminaire de Lacan ou celui de Barthes.» Une sorte de situation de jeune rentier sans rentes. En faisant très attention de ne pas travailler.

Les années gauchistes battent le pavé parisien, et Marc en sera au sein du Front homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR), créé en 1971, entre autres par Guy Hocquenghem. Il s'y radicalise dans le groupe dissident des Gazolines, qui prône que