Les signataires de ce texte (1) sont tous concernés par le domaine que le projet d'Institut national des sciences humaines et sociales (INSHS) entend regrouper sous l'appellation «Cognition et comportement».
Nous sommes étonnés et inquiets de voir que le projet considère que ces domaines relèvent exclusivement des sciences cognitives, constituant les «théories de la complexité» en référent méthodologique central. Il ne fait aucune mention de la philosophie des sciences non naturalistes, de la sociologie, de l'histoire, de l'anthropologie et des sciences politiques.
Pourtant, la question de savoir ce que sont précisément la cognition et le comportement est, à l'évidence, un objet des sciences humaines et sociales : il suffit de penser aux conséquences juridiques et pénales, professionnelles, éducatives de la définition de ce qu'est un comportement, ou aux dimensions collectives, linguistiques, pragmatiques de ce qu'on entend par cognition. Pour avoir une idée de l'aveuglement de la nouvelle perspective envisagée, rappelons-nous seulement les polémiques qui ont suivi la publication de l'expertise collective de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) sur le trouble des conduites en 2005 : la définition des comportements anormaux des enfants est apparue comme un enjeu de société. Nous sommes inquiets de constater l'absence dans le projet des mots-clés santé mentale, psychiatrie, alors que ces domaines sont aujourd'hui, non seulement des préoccupations