En apparence, il y a du mieux mais en réalité la mécanique électorale du Sénat n'a jamais fonctionné de façon aussi caricaturale. Le palais du Luxembourg demeure bien, plus que jamais, cette anomalie de la démocratie que dénonçait vigoureusement Lionel Jospin. Certes, cette fois-ci le Parti socialiste a remporté vingt-trois sièges supplémentaires, le double de ce qui était prévu, cependant que l'UMP perd dix élus. Comme en 2011 le prochain renouvellement concernera, pour la première fois, non plus le tiers des sièges mais la moitié, comme la série concernée comportera nettement plus de départements urbains dont les sièges s'attribuent au scrutin proportionnel, il n'est pas totalement exclu que la gauche remporte sur le fil la majorité au Sénat, une première depuis le début de la Ve République. L'alternance au palais du Luxembourg n'est plus tout à fait une chimère.
Il s'en faut néanmoins de beaucoup pour que l'on puisse considérer la situation actuelle comme équitable. La mécanique électorale du Sénat continue d'être une machine cynique, conçue pour empêcher la gauche de gagner. Le principe du mode de scrutin indirect n'est pas en cause. S'agissant d'une chambre censée représenter les collectivités locales, il n'est pas aberrant. La loi électorale (la moitié des sièges désignant les sénateurs au scrutin proportionnel, l'autre moitié au scrutin majoritaire) est déjà plus suspecte, ne serait-ce qu'en raison de cette bizarrerie : les départements ruraux favorables à la droite dé