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TRIBUNE

Soudan : la CPI, épée de Damoclès ou instrument de justice internationale ?

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publié le 26 septembre 2008 à 9h02
(mis à jour le 26 septembre 2008 à 9h02)

la Cour pénale internationale (CPI) est-elle un acteur à part entière sur la scène internationale ou n’est-elle qu’un yo-yo judiciaire utilisé puis délaissé par les Etats au nom de leurs intérêts circonstanciels ? Le 31 mars 2005, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU saisissaient la Cour pour les crimes du Darfour. Le 14 juillet, le procureur de la CPI déposait des éléments de preuve contre le président du Soudan, Omar al-Bechir, pour crime de génocide. Aujourd’hui, plusieurs pays font campagne pour suspendre pendant un an le processus judiciaire (article 16) en échange d’un accord politique avec ce même président. C’est la crédibilité et l’autorité de la Cour qui sont en jeu.

L’issue de ce débat sur l’articulation de la paix et de la justice sera lourde de conséquences, tant pour la CPI que pour les populations du Darfour. Il oppose deux philosophies de l’histoire. Portés par une vision tragique de l’action politique, les «réalistes» - souvent les hommes politiques - considèrent que de vouloir la justice avant la paix comme le veulent les «droits de l’hommistes» revient non seulement à se rendre coupable d’angélisme naïf, mais est profondément immoral. Car, font-ils valoir, avec qui signe-t-on la paix, sinon avec ceux qui détiennent le pouvoir, qu’ils aient ou non du sang sur les mains ?

Les réalistes veulent se servir de la justice comme d’une épée de Damoclès pour amener des chefs de guerre à la table des négociations, mais ils estiment que poser le primat de la just