Comment évaluer la libéralisation de la carte scolaire, mise en œuvre depuis un an par Xavier Darcos ? Difficile, car le ministère de l’Eduction nationale n’a pas souhaité communiquer ses chiffres. On peut toutefois s’en faire une idée à travers l’étude menée par deux chercheurs sur les choix des familles dans une grande ville de province comptant 35 collèges (1).
Regardons d’abord la carte telle qu’elle est dans cette ville. Plus les établissements sont socialement défavorisés, moins ils sont mixtes, plus ils sont des ghettos dans lesquels se concentrent toutes les difficultés sociales et scolaires. Les établissements plus favorisés sont généralement un peu plus mixtes : il y a plus de «pauvres» dans les «bons» collèges que de «riches» dans les «mauvais», à l’exception d’un collège chic qui est une sorte de réserve de la «gentrification» urbaine et sociale. De manière générale, la carte scolaire reproduit les inégalités sociales, elle détermine le niveau des collèges et il suffit d’aller dans l’école la plus proche de chez soi pour être entre soi. N’ayons donc aucun fétichisme de la carte. Dans ce contexte, un tiers des familles ne joue pas le jeu. Deux élèves sur dix vont dans le privé et un sur dix change de collège public. Pour quelles raisons les familles font-elles ces choix ? A l’exception d’une minorité qui choisit résolument l’établissement privé le plus chic afin de se regrouper entre soi, les autres familles choisissent les collèges qu’elles tiennent pour «normaux»