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TRIBUNE

Ce n’est pas la planète qu’il faut sauver, mais l’humanité

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Débat. Quelle responsabilité avons-nous pour la planète ?
par Albert JACQUARD, Généticien, philosophe
publié le 14 septembre 2010 à 0h00

L’univers était déjà âgé de quelque 14 milliards d’années lorsqu’une planète nouvelle, fort banale, se constitua, par agglomération de poussières vagabondes, dans l’environnement d’une étoile tout aussi banale, le soleil. Depuis, soumise aux influences des forces cosmiques, cette Terre a subi le sort de toutes ses semblables. Les multiples interactions de ces forces ont fait que son histoire a été riche en épisodes modifiant son apparence, tout en maintenant ses traits essentiels.

Parmi ceux-ci l'un a eu les conséquences les plus durables ; il se trouve que cette planète est située dans la zone étroite de température où la molécule H2O peut se maintenir sous ses trois états, solide, liquide ou gazeux. Grâce à cette diversité fondamentale, relayée par les jeux du hasard, des séquences d'événements ont pu se dérouler dans la mince pellicule qui entoure la Terre, alors que les conditions nécessaires n'ont pu se maintenir sur les autres planètes du système solaire. Cette exclusivité locale a permis notamment que s'y développent des êtres très singuliers, que l'on dit «vivants».

Leur particularité est de transmettre l’essentiel de leur structure à des êtres semblables à eux, ce qui permet une évolution des divers ensembles, les espèces, qu’ils constituent. Ils peuvent ainsi lutter efficacement face au pouvoir destructeur du temps. Pendant deux ou trois milliards d’années l’arme utilisée par eux dans cette lutte a été la reproduction à l’identique, procédé auquel a succéd