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Libération
TRIBUNE

Le laissez-faire pratique

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publié le 25 février 2011 à 0h00

Il y a parfois une attitude pire que l’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays étranger, condamnée avec véhémence par les diplomates traditionnels. C’est la non-ingérence. Elle n’est pas seulement un moyen commode de se donner bonne conscience, mais devient le faux nez d’une intervention sournoise qui vise, au nom de la realpolitik, à maintenir les dictatures en place. Au-delà du pathétique cas MAM, les révolutions qui bouleversent la Méditerranée obligent la France à reconsidérer ses relations avec ses voisins du monde arabo-musulman. Il s’agit maintenant d’accompagner intelligemment la transition vers des régimes plus démocratiques. C’est affaire de respect, d’abord, d’aide économique ensuite et enfin d’accords politiques entre partenaires égaux.

Chacun espère voir naître dans le monde arabe des systèmes politiques fondés sur la liberté et la souveraineté du peuple. On agite le spectre de l'Iran, mais le modèle turc semble plus vraisemblable. Certes, Recep Erdogan, actuel Premier ministre turc, lorsqu'il annonçait la stratégie de conquête du pouvoir de l'AKP, déclarait que «la démocratie, c'est comme le bus. On en descend quand on est arrivé à destination». Depuis, il désigne la démocratie comme une aspiration légitime pour tous les peuples du Moyen-Orient. C'est un progrès… L'Union européenne a contribué à faire évoluer l'AKP, ainsi que l'émergence d'une classe moyenne éduquée où les femmes occupent une place de plus en plus incontournable. Cet élément c