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Vallée du Lötschental

Un petit Tibet dans le Valais

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Une saison à la montagnedossier
Longtemps isolée, autarcique, la vallée du Lötschental ne s’ouvre que peu à peu à la modernité. Un écrin de nature à la drôle de culture.
(Luk Tittmann / Flickr)
par Romain MEYNIER
publié le 10 septembre 2013 à 10h21

Son nom est un défi à l’orthographe, sa situation géographique un défi à l’humanité. Perchée entre 1 500 et 2 000 mètres d’altitude au cœur des Alpes suisses dans le canton du Valais, le Lötschental fut longtemps coupé du monde dès les premières neiges de l’hiver. Une vallée si isolée, qu’on dit que le Moyen Age y perdura jusqu’à l’aube du XXe siècle, jusqu’à ce qu’arrive le train reliant la Suisse allemande au Valais via le tunnel du Lötschberg.

Le Lötschental, la « vallée secrète » en dialecte alémanique, ce n’est qu’une poignée de villages, semés le long de la rivière Lonza. Des maisons basses en bois brûlé, certaines bâties dès le XVIIe siècle, toutes serrées autour d’une église massive, en pierre celle-ci. A l’est de ces bicoques, on creuse une fenêtre. S’y échappent vers le levant les âmes des défunts disent les mystiques ; on y tire les renards préfèrent les pragmatiques. Enfin, comme dans toutes les vallées de Suisse grimpe un remonte-pentes, sacro-saint sacrifice aux pistes que dévale à ski le monde d’aujourd’hui. Une fois passé Blatten, le dernier hameau habité à l’année, ne restent que les alpages, recouverts de neige l’hiver et de bétail l’été, les forêts de mélèzes et les sauvages paysages.

Crédit: Dan mackinlay / Flickr

 Traditions bizarres

En 1916, quand une des premières caméras vint s’égarer ici, elle capta la vie des Lötschards avec la condescendance amusée qu’on réservait jusque là à la sauvagerie des nègres et des indiens zarbi d’Amazonie. Bon sang de bon soir, on a enfin trouvé