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Randonnée

D’un château à l’autre, sur le sentier cathare

Une saison à la montagnedossier
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Dans les piémonts pyrénéens, les châteaux du pays cathare font corps avec la montagne. Randonnée dans les pas de l’histoire.
(Emanuele / Flickr)
publié le 3 juin 2016 à 9h32

Le vent rugit. Il gifle le visiteur, le plaque contre le rempart du château, l’étourdit. A Quéribus, le randonneur dans les piémonts pyrénéens découvre un lieu exalté où souffle la tramontane et la solitude. Un nid d’aigle perché à 700 mètres sur un des doigts de pierre qui hérissent les crêtes calcaires des Corbières.

Les cathares se sont réfugiés ici, lors de la croisade contre les Albigeois lancée en 1209 par le pape Innocent III pour chasser les hérétiques. Quéribus sera d’ailleurs le dernier bastion à tomber aux mains des croisés français en 1255. Seule la base du donjon date de cette époque. Les trois enceintes étagées qui épousent la falaise, la rampe d’accès taillée dans la roche, la chemise de 5 mètres d’épaisseur pour renforcer un donjon à la taille insolente, remontent à son entrée dans le Royaume de France. En 1258, le traité de Corbeil fixe la frontière entre la France et l’Aragon, au sud des Corbières. Il fait ainsi de Quéribus et des autres châteaux perchés, des sentinelles à fortifier.

Visible au loin, le château de Peyrepertuse, étiré sur un éperon rocheux de 300 mètres de long, tel l’étrave d’un navire, connaît le même destin. Les forteresses veillent toujours sur des vallées de chênes verts et de pins, aujourd’hui paisibles et surtout fréquentées par des marcheurs ou visiteurs aimantés par l’aura mystérieux du catharisme.

Une petite randonnée aux accents méditerranéens conduit le promeneur curieux au pied de Quéribus. Depuis le pittoresque village de Cucugnan, dont les maisons jaunes et saumon semblent avoir fleuri sur une colline, une piste grimpe à travers la garrigue. Par temps dégagé, c’est à dire souvent, à cause du vent, le massif du Canigou surgit en arrière plan du château et magnétise le regard. La mer aussi.

Au retour depuis Quéribus, un sentier déroule un ruban de terre rouge jusqu’au village à travers les chênes kermesse, les arbousiers et la bruyère, dans des effluves de thym. En 1659, le traité des Pyrénées repousse la frontière du Royaume de France plus au sud, à son emplacement actuel. Quéribus et les autres forteresses du pays cathare perdent leur rôle défensif et sombrent peu à peu dans l’oubli...

Crédit: Luiyo / Flickr

(Reportage réalisé avec le concours de La Balaguère).

La Balaguère propose un circuit en groupe accompagné de 7 jours sur les sentiers cathares, de Quéribus à Montségur, avec 5 à 6 heures de marche par jour. Hébergement en gîtes d'étape. Entre mai et octobre, à partir de 695€. http://www.labalaguere.com/