Après plusieurs propositions de loi entre 1990 et 1998, c'est finalement sous le gouvernement Jospin en 1999 que le Pacte civil de solidarité (pacs) voit le jour, dans un climat de contestation. En octobre 1998, juste avant l'examen du projet de loi, France 3 propose un reportage au sein de la droite, où tous ne sont pas d'accord. Christine Boutin (Force démocrate) est déjà fermement opposée et Roselyne Bachelot y est favorable. Un clivage qu'on retrouve aujourd'hui.
De son côté, l'Eglise de France s'oppose dès le mois de septembre 1998 au pacs par la voix de Monseigneur Billé : «Chacun a le droit de vivre comme il l'entend. (...) Ce que nous contestons, c'est l'opportunité d'inscrire dans la loi française des modes de vie qui n'ont pas à servir de référence pour la vie en société.» Pourtant, les plus libéraux des chrétiens critiquent cette posture, affirmant comme Michel Cool, rédacteur en chef de Témoignage Chrétien, que «l'homosexualité est avant tout une situation vécue difficilement par des hommes et des femmes dans des conditions insupportables de discrimination et de soltude». Ils refusent de voir le pacs comme une avancée vers le mariage civil des homosexuels.
Le 31 janvier 1999, un défilé anti-pacs réunit des élus d'opposition de droite, les deux tendances du Front national, ainsi que des adhérents des associations familiales catholiques, protestantes, musulmanes et juives.
Le cortège – ouvert par un couple de bovins tirant un char de manifestants pour rappeler «nos ancêtres les Gaulois», sous une pancarte «On ne pacs pas les z'amis. Tous unis contre la zizanie !» – met en avant l'union des différentes communautés religieuses, faisant front commun contre le pacs. Les représentants des communautés ouvrent la marche : Jean-François Chaumont, de l'Association des familles catholiques ; Hamlaoui Mekachera, président du Conseil représentatif des musulmans de France («Vous voyez qu'il y a toutes les confessions monothéistes, car on touche à l'essentiel, le noyau familial»). Un manifestant confirme le message : «Nous, on a cinq enfants qui ont moins de dix ans, et on est sûrs que pour eux il faut aussi qu'ils puissent constituer des familles et constituer des groupes véritablement forts qui permettront à la société de continuer».
18 mars 1999. Le pacs est rejeté par les sénateurs, alors qu'il vient d'être accepté par les députés. Patrice Gélard, sénateur RPR et rapporteur de la Commission des lois, se réjouit : c'est lui qui a fait voter la suppression du pacs au profit d'une nouvelle définition du concubinage. Il présente cet amendement comme la preuve que «le Sénat sait s'adapter», alors que l'Assemblée nationale «propose quelque chose d'irréalisable». Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, ne baisse pas les bras pour autant : «Je note tout de même que grâce à l'existence de ce débat, aujourd'hui, très peu nombreuses sont les personnes qui osent austraciser les homosexuels, au moins au sein de l'hémicycle.»
13 octobre 1999. Le projet de loi concernant le pacs est adopté à l'Assemblée nationale par 315 voix pour et 249 contre. Christine Boutin lance des appels de protestation au président de la République, tandis que l'opposition espère que le Conseil constitutionnel amendera la loi, avec l'argument du «fichage des personnes» : selon Patrick Devedjian, «la loi a pour objet d'obliger les homosexuels à déclarer ouvertement leurs pratiques pour bénéficier de nouveaux droits». On dénonce également à droite les «gratifications fiscales» du pacs, jugées «contraires au principe d'égalité».
Bonus: Christine Boutin parle Bible chez Thierry Ardisson
Autour d'un clip de George Michael, Christine Boutin affronte Laurent Ruquier et Pierre Arditi sur le plateau de l'émission Hyperview le 16 janvier 1999, sur le sujet «L'homosexualité est-elle passée dans les mœurs ?». La députée UDF des Yvelines justifie la raison pour laquelle elle a brandi la Bible à l'Assemblée nationale en réponse à Elisabeth Guigou (PS, Garde des Sceaux) : «J'ai montré cette Bible parce que c'était l'ouvrage que j'avais dans mon sac.»