Le parcours repéré, les suspects identifiés, le cerveau tué. L'enquête sur les attentats du vendredi 13 novembre à Paris avance vite. En une semaine, les forces de l'ordre sont parvenues à comprendre qui sont la plupart des auteurs des attaques qui ont touché la capitale et, par l'assaut qu'elles ont mené à Saint-Denis mercredi, à éviter d'autres attentats.
L'état d'urgence, instauré dès vendredi soir, a permis aux forces de l'ordre de mener une vague de perquisitions et d'arrestations. Rien que dans la nuit de dimanche à lundi, 168 perquisitions administratives ont été réalisées. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui s'est exprimé lundi matin lors d'une conférence de presse, a précisé que «104 assignations à résidence» ont été prononcées en 48 heures. «Ces actions vont se poursuivre, la riposte de la République sera d'ampleur, totale.» En une semaine, la police a procédé à près de 800 perquisitions et à une centaine d'interpellations.
Alors qu'en France, comme dans plusieurs pays, de nombreuses personnes rendent hommage aux victimes par une minute de silence, un nouveau kamikaze est identifié lundi : Samy Amimour. Le nom d'Ahmad Al Mohammad, le kamikaze qui s'est fondu parmi les migrants, est également cité. En Belgique, une opération de police est menée à Molenbeek. Les enquêteurs concentrent leurs recherches sur Salah Abdeslam, membre du commando et frère d'un des kamikazes, et sur Abdelhamid Abaaoud, possible inspirateur du carnage, qui ont l'un et l'autre des attaches avec la commune belge. Deux personnes sont inculpées par la justice belge : Mohamed Amri et Hamza Attou. Ils sont allés chercher Salah Abdeslam à Paris après les attentats pour l'aider à fuir.
Les députés et sénateurs se réunissent le même jour en Congrès pour la deuxième fois de l'histoire de la Ve République. Le président François Hollande y propose de modifier la Constitution pour renforcer ses prérogatives.
Le lendemain, le Premier ministre Manuel Valls annonce sur France Inter que le gouvernement veut «donner tous les moyens, tous les moyens, comme ça n'a jamais été fait dans notre pays, à la police, à la gendarmerie ainsi qu'aux services de renseignement» et précise que les engagements budgétaires européens de la France «seront forcément dépassés» avec les nouvelles dépenses annoncées par François Hollande. Bernard Cazeneuve rappelle de son côté sur France Info que «115 000 policiers, gendarmes, militaires» ont été mobilisés «sur l'ensemble du territoire national pour assurer la protection des Français».
Quelques heures après, nouveau rebondissement dans l'enquête : une Clio, louée au nom de Salah Abdeslam, est retrouvée dans le XVIIIe arrondissement de Paris. L'état d'urgence est étendu à l'outre-mer.
L’assaut à Saint-Denis
Vers 4h20 mercredi matin, des habitants de Saint-Denis entendent des coups de feu et des explosions. Alertés par le bruit, ils sont nombreux à filmer la scène.
Une opération ciblant Abdelhamid Abaaoud, commanditaire présumé de l'attaque de vendredi, est menée par le Raid et la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) dans cette ville située au nord de Paris. On apprend d'abord que deux personnes ont été tuées, dont une femme qui a activé sa ceinture d'explosifs, sans connaître l'identité des victimes. Huit personnes ont été interpellées durant l'assaut, qui a duré sept heures. Cinq policiers sont blessés. Les réseaux sociaux et les chaînes d'information internationales s'émeuvent de la mort d'un chien d'assaut, Diesel.
La mort d’Addelhamid Abaaoud
Malgré cette opération, la polémique sur les failles des renseignements français et européens est relancée. Plusieurs auteurs des attentats de vendredi sont ainsi allés en Syrie, à l'instar d'Omar Ismaï Mostefaï. Ankara affirme même avoir averti Paris sur le passage de ce kamikaze du Bataclan en Turquie, en 2013. Quatre des jihadistes des attentats de Paris étaient même listés par les services de renseignement américains. Des failles dénoncées jeudi matin par les élus, à gauche comme à droite, et qui ont amené l'Union européenne à prendre des mesures pour renforcer les contrôles aux frontières.
Le même jour, les enquêteurs et le Premier ministre, Manuel Valls, confirment la mort d'Abdelhamid Abaaoud, l'organisateur présumé des attaques du 13 novembre, lors de l'assaut à Saint-Denis. Des analyses papillaires diligentées par les enquêteurs ont permis de confirmer l'identité du jihadiste belge. Sa présence près de Paris renforce les critiques émises à l'encontre des services de renseignement européens. Le ministre de l'Intérieur a précisé jeudi lors d'une conférence de presse qu'«aucune information n'a été communiquée suggérant qu'[Abdelhamid Abaaoud] aurait pu arriver en Europe et cheminer jusqu'à la France. Ce n'est que le 16 novembre qu'un service de renseignement hors Europe nous a signalé son passage en Grèce».
Un troisième corps, celui d'Hasna Ait Boulahcen, une cousine d'Abdelhamid Abaaoud, a été retrouvé vendredi dans les décombres de l'appartement de Saint-Denis.