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Capital populaire

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Et si la principale richesse de la cité phocéenne était son cosmopolitisme et son capitalisme de bazar ?
publié le 8 septembre 2000 à 4h07

On y vend des pièces auto, des bijoux en or, des frites-merguez, des jupes à 15 francs, des machines à laver, des ventilateurs, du parfum Miss Vanille, des tapis de prière, des tranches de pizza, des voitures neuves ou d'occasion surnommées les «au revoir la France», des robes de mariée, des radiocassettes, des billets d'avion, des livres intitulés Nul n'est censé ignorer Allah. Les boutiques s'appellent Florida Way, Paris Mode, Kansas City, Rev'Girls, American Pop, Galaxie Alcazar. C'est Marseille-popu, Marseille- immigrés, de la Canebière à Belsunce, de la rue d'Aix au marché du Soleil. Un peu plus loin, vers le quartier Noailles, toujours au centre-ville, on trouve les «Nana-Benz», ces mammas africaines qui, «depuis l'arrière-boutique de leur salon de coiffure ou de leur magasin d'articles exotiques, négocient au coup par coup des conteneurs de riz pour le Cameroun, des pneus pour le Sénégal ou des fripes pour le Nigeria», voire des ordinateurs ou des photocopieurs d'occasion (1). Plus vers le nord de la ville, le «marché aux puces», immense marché alimentaire d'un genre inédit où 80 commerces répartis sur 4 hectares vendent à prix cassés, démontre lui aussi une vitalité sans pareille.

Un joyeux bordel. Ailleurs qu'en France, ce capitalisme de bazar forcerait l'admiration, voire la jalousie. Mais ici, il gêne. Fait tache. Trop tiers monde. Pas digne de cette ville qui, l'oeil sur l'horizon, se rêve «capitale de l'Europe du Sud» ou «métropole méditerranéenne», tout en s'emp