Lyon de notre correspondant
La dernière fois que les Lyonnais étaient descendus si nombreux, c'était pour la venue du pape, en 1986. Et là, brutalement, la ville prend une claque. 200 000 personnes se massent sur les trottoirs. On est le 15 septembre 1996, et le premier défilé de la Biennale de la danse descend la rue de la République. Mélange inspiré du Carnaval de Rio et de la culture hip-hop, le cortège réunit professionnels et amateurs, du centre et de la banlieue. Un défilé métissé, vivant et coloré. Guy Darmet, initiateur de l'événement, affirme aujourd'hui que les Lyonnais «n'ont pas reconnu leur ville». Quatre ans et deux éditions plus tard, le défilé devient l'emblème d'une cité qui s'éveille, s'ébroue. Lyon s'ouvre sur l'extérieur, cherche la confrontation, le décloisonnement. Echappant à ses rivalités avec la capitale, la cité se tourne vers l'Europe et voudrait devenir une ville du Sud.
Richesses cachées. En 1996, le défilé avait «pris la ville par surprise», selon Philippe Dujardin, politologue et chercheur au CNRS, qui lance l'année suivante un séminaire de DEA à l'Institut d'études politiques, pour travailler sur la naissance d'un «rituel d'agglomération». Le défilé s'installe immédiatement dans le paysage. Lyon veut ressembler à cela. Pour ses habitants, les «journalistes parisiens» forcent le trait en peignant une ville secrète et repliée. Mais Lyon reste une ville de réseaux qui a longtemps cherché à cacher ses richesses.
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