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Libération

Juppé joue les édiles ordinaires.

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En disgrâce à Paris, l'ancien Premier ministre a fait de la capitale girondine sa base de repli.
publié le 17 novembre 2000 à 6h43

Bordeaux envoyé spécial

Le ton est assuré, l'exposé précis, la mécanique intacte : Alain Juppé n'a pas changé. Mais il est bordelais. Et il veut que ça se voie. Installé dans son bureau du palais Rohan, il analyse le «problème historique des ponts», énumère les noms des parkings, récite avec application le plan de circulation et se lève sans arrêt pour aller détailler sur une carte, règle en main, le parcours du futur tramway ou le réaménagement des quais de la Garonne.

Lorsqu'il fut élu maire en 1995, son écharpe d'édile n'était qu'une casquette parmi d'autres, une babiole au regard de ses responsabilités à Matignon et à la tête du RPR. Pendant deux ans, il a géré la ville par procuration. Une fois passée la bourrasque des législatives de 1997, il s'est replié sur l'hôtel de ville, siège qu'il cumule avec son mandat de député de Gironde et de patron de la Communauté urbaine. Aujourd'hui, encore indésirable à Paris jusque dans son propre camp, Bordeaux est sa base de repli.

Juppé en fait des tonnes pour jouer l'autochtone. L'ancien Premier ministre a résolu ses problèmes d'appartement parisien en s'installant à Bordeaux avec épouse et descendance, y a inscrit ses enfants à l'école, et répète qu'il ne s'est «jamais senti estranger» puisqu'il y venait, gamin, rendre visite à des oncles, tantes et grands-parents. Sa femme s'est même fendue d'un opuscule glorifiant l'existence provinciale du couple, Jours tranquilles à Bordeaux. «Un monument de la littérature d'épouse de notable»,