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Libération

Un port très autonome

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Premier pôle industriel de la région, la zone portuaire a résisté aux crises mais reste coupée de la ville.
publié le 15 décembre 2000 à 8h03

Strasbourg envoyé spécial

«Pour la ville et la Région, le fleuve ne semble pas être un enjeu économique. Il y a une vraie frilosité par rapport à cet espace», assure le géographe Richard Kleinschmager. Pourtant, Strasbourg, ville de canaux, est une des rares métropoles régionales à avoir conservé et développé un port intra-muros. Un port sur le Rhin, doublé d'une vaste zone industrielle les pieds dans l'eau. Avec à la clé de légitimes espoirs de développement, comme le suggèrent les résultats de 1999 qui affichent une croissance de 14 %. La capitale alsacienne serait-elle frappée de schizophrénie rhénane ?

Strasbourg n'a jamais vraiment oublié ses siècles d'or médiévaux où, jouissant d'un quasi-monopole sur la navigation sur le Rhin supérieur, elle bénéficiait d'un statut de superpuissance rhénane. Le port était alors situé sur l'Ill, un affluent du Rhin, à deux pas de la cathédrale. Influente d'Anvers au Piémont, la ville construisit sa fortune, bancaire et commerciale, au fil de l'eau. Las, quand vint le temps de l'industrie et des manufactures, les notables rechignèrent à investir : du Rhin, devenu frontière, devait tôt ou tard surgir la guerre. La ville ne s'industrialisa vraiment qu'une fois la paix revenue, à partir des années 1950. Et la bourgeoisie locale expédia les usines et leurs nuisances au bord du Rhin, où l'Empire allemand avait jeté les bases d'un grand port fluvial lors de la première annexion (1871-1918). Le tout, loin des yeux et loin du centre. La zone port