Parfois il suffit d'une seule opération phare pour chambouler la vie d'un quartier. L'exemple le plus avéré étant l'Opéra-Bastille. Dès l'annonce du lancement de cette opération figurant dans la liste des grands travaux de Mitterrand , ce secteur jadis populaire a vu affluer une population bourgeoise en quête de bonnes opérations immobilières. La construction de l'édifice a été perçue comme un remake de l'Opéra-Garnier, qui au XIXe siècle avait fait émerger les Grands Boulevards.
La montée en puissance du quartier Bastille a ensuite déteint sur des secteurs proches, lançant les modes. Mais il y a un certain plaisir sans doute à détruire ce qu'hier encore on adorait. La rue Oberkampf, par exemple, et ses dérivés adjacents. Il fallait s'y presser en précurseur il y a quatre ans, s'en échapper en désespéré il y a deux ans, il faudrait aujourd'hui recommander à son pire ennemi d'y mettre ses bottes et d'y tenir couteau et fourchette. Les experts des transhumances parisiennes dessinent ainsi l'évolution d'un quartier. 1) Prise de position de l'underground dynamique ; 2) arrivée du branché élitiste ; 3) débarquement du Parisien en phase d'enrichissement ; 4) déferlement des gars du 9-3 ; enfin, 5 et 6) visite guidée du lieu pour le provincial et le Japonais.
On n'en est plus très loin, assurent avec un certain manque d'urbanité les géopoliticiens goguenards. Mais il faut pourtant reconnaître que les modes varient si vite qu'un jour ou l'autre, toutes les rues en vue suivront le d