Depuis quelques mois, l'immobilier flambe à Berriat. Les maisons de ville s'arrachent et le prix des terrains a augmenté de 30 % à 50 % en quelques années dans ce vieux quartier ouvrier du nord-ouest de Grenoble. Hier délaissé, relégué à l'écart du centre par les voies de chemin de fer, Berriat devient, selon le mot d'un élu, «le catalyseur des possibles grenoblois». Le grand projet des prochaines années se situera au nord du quartier, où la ville et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) s'apprêtent à construire Minatec, «premier pôle européen en micro et nanotechnologies». Ces deux spécialités grenobloises, en attirant déjà des milliers d'ingénieurs, transforment en profondeur la ville, son urbanisme, ses modes de vie et de consommation. Au point de menacer l'équilibre sociologique et l'identité de la ville craignent certains.
Tout est parti de Berriat, dans les années 60. Le quartier était en pleine désindustrialisation. Les entreprises s'en allaient, la population aussi. Les ingénieurs du CEA, qui dispose de deux réacteurs au nord de Berriat, avaient besoin de composants électroniques résistant aux rayonnements. Des chercheurs ont inventé des transistors miniatures, puis les premiers circuits imprimés. Le règne de la high- tech grenobloise était lancé: microtechnologies (miniaturisation à l'échelle du micron), puis nanotechnologies (travail à l'échelle d'un millième de micron). Un succès dû au couple très étroit que forment ici, depuis longtemps, recherche fondamental