L'Ile-Longue envoyé spécial
Les Brestois l'ont en permanence sous les yeux, mais rares sont ceux qui ont pu y pénétrer. Au sud de la rade, à dix kilomètres à vol d'oiseau de la rue de Siam, L'Ile-Longue est la base la plus secrète de la défense nationale. Là sont stationnés les sous-marins nucléaires lance-engins (SNLE), avec leurs missiles stratégiques et leurs têtes nucléaires. Depuis la mi-octobre, la protection du site a été renforcée. Comme pour l'usine de La Hague (Manche), une batterie de missiles sol-air Crotale est déployée au bord des pistes de la base aéronavale de Lanvéoc-Poulmic, à quelques kilomètres. Pour parer d'éventuelles attaques kamikazes...
Gendarme. «Ce qui n'est pas prescrit est interdit.» Au mur, un grand panneau annonce la couleur. Nous sommes dans le «Skip nord», l'un des deux grands hangars où sont entretenus les sous-marins nucléaires. Pour y pénétrer, le commandant de la base, Eric Heller, a dû faire appel à un gendarme. Ceux-ci représentent l'«autorité gouvernementale» et possèdent, seuls, certaines clés sensibles. Dans le bassin, les 14 000 tonnes du Téméraire sont à sec. Des ouvriers de l'arsenal s'affairent autour de la grande coque noire. Au poste de commandement, des petits «M» rouges, aimantés sur un tableau, indiquent que quinze des seize missiles sont à bord. Plusieurs centaines de fois Hiroshima. Des armes atomiques, des réacteurs nucléaires, une piscine à combustible, L'Ile-Longue est sous haute surveillance... autant des services radiol