Le sanatorium Sabourin, calé sur les hauteurs au nord de Clermont-Ferrand, est presque un symbole. Ce beau bâtiment blanc construit dans les années 30, désaffecté, aux vitres brisées, était voué à la démolition. Pourtant, les étudiants en architecture devraient bientôt s'y installer. «Cette ville a longtemps eu un étrange rapport au beau», dit Didier Rebois, le directeur de l'école d'architecture. «Mais les comportements changent, la preuve.» Au pied du sanatorium, quelques plants de vigne, vestiges des vins d'Auvergne qu'une épidémie de phylloxera a décimés au début du XXe siècle. Cette colline évoque un Clermont-Ferrand différent de celui qu'on aperçoit en contrebas. Dans le fond de la cuvette, au coeur du panorama, la cambrure des toboggans qui servent aux tests des pneus Michelin est facilement repérable. Sur la gauche, la vieille ville de Clermont s'enroule autour de la cathédrale. A droite, Montferrand, petit bourg médiéval. L'énorme complexe industriel crève l'ensemble. Vu d'en haut, Clermont-Ferrand se découpe en une ville entre trois morceaux.
Injuste. Les mauvaises langues disent que Clermont-Ferrand est «l'une des villes les plus moches de France». C'est sévère et injuste. Clermont est beau par endroits. Mais écrasé par la présence du manufacturier du pneu. L'énorme propriétaire foncier construisait depuis les années 20 sa cité sans qu'aucun maire n'ose vraiment tenir tête. «Son aménagement urbain a été fait de bric et de broc», dit-on. Au total, émergent ces faub