Je vais souvent à Clermont pour rencontrer des personnes que j'admire et donner quelques cours à l'Institut français de mécanique avancée (Ifma). J'y ai vécu les meilleurs et les pires moments. J'étais par exemple très fier de recevoir pour mon dernier livre le prix Blaise-Pascal décerné par le Club des ouvreurs, mais mes collègues de philo et la CGT me firent payer cher l'article que je venais d'écrire dans le Monde pour défendre Michelin, alors victime d'une campagne d'agression totalement excessive : ma présence était devenue «une insulte pour tous les chômeurs de Clermont», je fus accusé d'être payé par la manufacture, et ma remise de prix fut boycottée. Mais je ne regrette rien et je recommencerai s'il le faut.
Clermont-Ferrand est une ville de contrastes, et j'y parie davantage sur les hommes que sur les murs. Une promenade dans Clermont-Ferrand exhibe très vite ces contradictions. La vieille ville pourrait être aussi belle que celle de Lille, ma ville natale si bien réhabilitée, mais elle semble parfois en déshérence, souillée de tags imbéciles ou d'un palais de justice dont l'architecture malheureuse vous suggère immédiatement la prison plus que la présomption d'innocence. Une perle comme Notre-Dame-du-Port semble en discontinuité avec son environnement. Ainsi dit-on qu'il faut quitter Clermont pour découvrir son environnement superbe. Ainsi propose-t-on aux sondés une question aussi infamante que : «Préférez-vous aller seul à Venise ou avec la femme que vous aimez à