«Il y a dix ans, on allait faire la fête à Toulouse, maintenant, c'est le contraire», explique un fêtard. Sur le quai de Paludate, en face des abattoirs, une trentaine de bars, restaurants et discothèques ont ouvert en quelques années. La mairie a laissé faire, préférant concentrer toutes les nuisances en un seul endroit. Les riverains de cet ancien quartier populaire ont été sacrifiés. Les survivants étendent des banderoles aux fenêtres de leurs maisons : «Pensez au sommeil de nos enfants.» Sur le trottoir, des milliers de gens défilent jusqu'à la fermeture, à 5 heures, au Shadow, au Factory, ou au White House... Sur le quai, les enseignes racolent à touche-touche. Les portes ouvrent sur d'interminables boîtes, avec plusieurs bars et plusieurs étages. La région entière, de Périgueux à Biarritz, s'y retrouve le week-end. Choisir les jeudi, vendredi et samedi. Bordeaux, les autres soirs, c'est le Touquet-Paris-Plage en novembre.
La sortie, c'est une cérémonie, avec rituels et processions, de l'apéro à l'after, de 8 heures du soir à 8 heures du mat'. On enfile ses plus belles Puma ou Reebok, et on file «à la Victoire», place du même nom. Tout Bordeaux, de 18 à 30 ans, converge vers le Plana, le bar des Sport ou El Bodegon, usines à bière, à manzana et à décibels techno. Ce sont surtout des étudiants, dont une majorité de filles, qu'on retrouvera à 3 heures à la Grande Polux. En compagnie des fêtards d'autres générations qui monopolisent les podiums sur la musique de leurs 20 a