Bordeaux envoyée spéciale
Le grand chamboule-tout a commencé à Bordeaux.
Un jeu où toute la ville se retrouve sens dessus dessous, secouée par une restructuration urbaine sans précédent : trois lignes de tramway, des rues, des places, des quais refaits,
des quartiers remaniés, des immeubles repeuplés... L'impression du moment est celle d'un vaste chantier, avec ses trous, ses démolitions, tout cet entre-deux où plus rien ne dort comme avant mais où les jeux ne sont pas encore faits. «Doucement, dit une Bordelaise, cet éventrement habitue les gens à l'idée qu'il se passe des choses ici.»
De bonnes choses ? L'avantage de ce moment, justement, c'est qu'on n'en sait encore rien. Ce que l'on voit, ce sont les chances.
Les chances de convertir une population ultramotorisée à des transports collectifs plus doux. Les chances de transformer intelligemment des friches industrielles qui ont été massacrées ailleurs. Tout cela sera-t-il saisi ? Avec son célèbre «arrêté anti-bivouac», Alain Juppé, maire de la ville, a montré que la subtilité n'était pas sa manière. Les hangars des quais, bientôt transformés
en magasin de bricolage ou en jardinerie géante, ne poussent pas non plus à l'optimisme. Mais la métropole a des qualités physiques rares : une façade presque maritime, beaucoup de terrains, et un passé dans la naphtaline qui rend aujourd'hui tout possible. Bordeaux pourrait bien bénéficier un jour de l'«effet Nantes», cette autre cité de l'Ouest qui a misé sur le tramway et la culture pour