Bordeaux envoyé spécial
Michèle, la cinquantaine décontractée sous un chignon impeccable : «C'est quoi, une clé à pipe ?» Paule, 44 ans, bob bleu, parka verte : «C'est le truc, là, qui ressemble à une pipe.» Michèle et Paule sont venues chercher un peu d'aventure dans un vieil entrepôt des quais de la Garonne. Et l'aventure, ici, cela commence par réparer sa bagnole soi-même, sous l'oeil expert de Boufeldja Labri, mécanicien bénévole, photographe à ses heures. Dans le quartier de Bacalan, le Garage moderne est un atelier associatif qui, pour quelques euros de l'heure, fournit outils, conseils, thé et sympathie.
Brasero. La vieille Peugeot 205 de Michèle fuit de partout. «Le problème, c'est que le joint de sortie d'arbre à came est foutu, constate Boufeldja. Commence par démonter le filtre à air.» D'où clé à pipe de 10, d'où question sur l'objet. Mais le bâtiment de briques et de bois offre d'autres aventures puisqu'il abrite aussi, à l'occasion, des expositions, des pièces de théâtre et, en ce début février, la chaleur d'un brasero autour duquel les copains de passage viennent parler de tout et de rien. Depuis mars 2002, on se rend au Garage moderne pour se persuader que, même à Bordeaux, un autre monde est possible : ouvert, solidaire et gentiment déconnant.
Tout ça à cause d'un chat perdu qui s'appelle NooNoo. C'était en 1999. Béatrice Aspart, psychologue, recueille la pauvre bête. Colle de jolies affichettes pour retrouver son maître. Rencontre Boufeldja qui les prenait en p