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Libération

Un jardin très urbain

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Une paysagiste prend la Bastide.
publié le 28 février 2003 à 22h44

Bordeaux envoyée spéciale

La voilà, passant droit dans l'herbe, rame d'acier bleue, étincelante et vide, sifflant comme une flèche. En entendant sa venue, les habitués du Panier fleuri, café sur l'avenue Thiers, font taire le caniche de la patronne et tournent la tête pour regarder par les fenêtres. Silence, le tramway longe le jardinet du café, nouveau silence, puis : «Il sort, ces jours-ci», dit l'un des attablés, avec de la gravité dans la voix. «Il est sorti tard ce matin», approuve l'autre. «Pour la première fois, je l'ai vu sur le pont», ajoute la patronne.

A la Bastide, banlieue ouvrière sur la rive droite de Bordeaux, les allées et venues du tramway, pour des essais de conduite, sont saluées par les habitants comme les promenades d'une star. Et c'est bien d'une star qu'il s'agit dans ce coin de la ville niché au creux d'une boucle de la Garonne. Le responsable du conseil de quartier, Alain Petit, 50 ans, conseiller municipal, agent immobilier, connaît la Bastide par coeur. «Ça fait vingt-cinq ans que je travaille sur la rive droite. Je dis à mes clients : je vous lâche n'importe où dans le quartier. Bruits, odeurs, ombre, nuisances : il n'y en a pas.» Monument, paysage, aventure, nouveauté, il n'y en a pas non plus.

Poétique. Seules deux attractions sont susceptibles d'attirer des visiteurs : l'église Sainte-Marie (1867-1887), avec son toit de bois peint et, une fois par an pendant trois jours, le grand marché «Au bon goût d'Aquitaine» organisé avenue Thiers pour prés