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Libération

Un berceau saint-simonien

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Le pécule d'un ancêtre ouvrier permet aujourd'hui à ses petites-filles de devenir propriétaires.
publié le 25 avril 2003 à 23h00
(mis à jour le 25 avril 2003 à 23h00)

Sur une photo jaunie, une tante de Francine Barillet pose en tablier blanc devant l'«Epicerie de choix» où elle travaille, rue Pixerécourt, dans le XXe arrondissement. Sur un deuxième cliché, son père se tient debout avec d'autres ouvriers devant des étagères où sèchent les mottes de tourbe qu'ils façonnent. Elles sont destinées aux familles trop pauvres pour acheter du bois. Depuis plusieurs générations, la famille de Francine Barillet vit à Paris : un acte d'état civil indique que son grand-père ­ Gaston Barillet ­ a vu le jour le 15 mai 1873 dans le XXe arrondissement.

C'est l'arrière-grand-père Emile, originaire de Melun (Seine-et-Marne), qui est venu le premier dans la capitale, probablement vers 1860-1870. A Paris, le berceau familial, c'est le passage des Saint-Simoniens qui débouche dans la rue Pixerécourt. «Mon arrière-grand-père a acheté un terrain et fait construire une maison.» En cette fin de XIXe siècle, ce coin de Paris, «c'était un peu la campagne», dit Francine Barillet. D'ailleurs, l'atelier de fabrication des tourbes jouxte la maison. La bâtisse restera dans la famille jusque dans les années 1970 : le grand-père en hérite, puis le père, avant d'être exproprié pour trois francs six sous par la Ville de Paris, qui veut y faire un square.

L'eau à l'étage. Francine naît en 1928. Depuis, elle n'a jamais quitté le XXe arrondissement. «J'ai vécu dans la maison du passage des Saint-Simoniens jusqu'à l'âge de 4 ans.» Ensuite, les parents se séparent. «On était deux.