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Saint-Gilles, bohème en sursis

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La spéculation grignote ce quartier métissé, alternatif et populaire, symbole de la ville.
publié le 23 mai 2003 à 23h05

Saint-Gilles envoyée spéciale

«Saint-Gilles, c'est Green wich Village, un mélange de cinglés qui se frictionnent ensemble.» C'est du moins ce qu'on entend dire à la Brasserie de l'Union, sur le parvis de Saint-Gilles, l'une des dix-neuf communes qui composent Bru xelles région-capitale. Dans ce bistrot-phare du quartier le plus mixte de la ville, se côtoient avec grâce vieux Bruxellois, jeunes immigrés, artistes cosmopolites et silencieuses épaves. Du moins, pour le moment.

La commune compte 44 % d'étrangers. Avec les naturalisés, plus de la moitié du quartier est d'origine étrangère. Les premiers arrivants ont été les républicains espagnols, puis les travailleurs portugais. Entre les restaurateurs grecs, les épiciers pakistanais, les bistrotiers portugais, les boulangers italiens, les derniers arrivés sont des maçons polonais, qui attendent près du parvis de l'église Saint-Gilles, dans des camionnettes, que l'entrepreneur vienne les choisir pour la journée. La commune résonne de la musique de toutes ces langues, parlées y compris par les enfants. «C'est la ville de l'interculturalité, résume Charles Picqué, le bourgmestre. L'assimilation, ça n'a pas de sens puisqu'il y a moins de Belges que d'immigrés ! Il faut trouver un thème unificateur au-delà du consensus autour des valeurs démocratiques, tout le blabla. C'est le plaisir de la ville, de la vie ensemble, loin d'une identité ou d'un drapeau.»

Vivre ensemble jusqu'à quand ? Saint-Gilles est encore une des trois communes les