Le Perthus, envoyé spécial.

L'agent de constatations principal des douanes écarte les lames du store et scrute le poids lourd qui passe devant lui. Les douaniers du Perthus appellent cela «braconner». Des heures à l'affût du camion suspect sur ce poste-frontière situé à une trentaine de kilomètres de Perpignan sur l'autoroute A9. L'endroit ressemble à un vaste péage où voisinent la douane française et la guardia civile espagnole. Dans le jargon de Bercy, ce sont des «bureaux à contrôles nationaux juxtaposés». Les véhicules venant d'Espagne filent en pente douce vers la France. Peu de voitures mais beaucoup de poids lourds défilent devant l'aubette de l'équipe appelée «ciblage camions».

Ces cinq hommes-là passent pour la dream team des gabelous, bichonnée par la Direction régionale des douanes de Perpignan qui aligne les prises de son «équipe de choc» depuis sa constitution en décembre 2000 : 48,5 tonnes de haschisch, 15 kilos de cocaïne, plus de 50 000 litres d'alcool et 11 578 kilos de cigarettes. «En 2001, les douaniers du Perthus ont fait main basse sur la moitié du cannabis saisi dans l'ensemble de la France par nos services. En 2002, ils ont saisi 40 % du total, explique Didier Lestrade, chef de la division de Perpignan intérieur. Et en en termes de quantité, c'est l'équipe camions qui a réalisé 80 % de ce palmarès.» Depuis cinq ans, les prises de cannabis sont en hausse au Perthus, passant de 9,4 tonnes en 1998 à 17,2 tonnes en 2002. Au 20 novembre de cette année, 18,9 t