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Libération

Le goût des salles obscures

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publié le 29 novembre 2003 à 2h07

Perpignan envoyé spécial

L'offre de cinéma n'est pas ordinaire à Perpignan. L'Histoire l'explique : du temps du franquisme, les Espagnols, frustrés par la censure, venaient par bataillons voir du porno de l'autre côté de la frontière. Le genre cinématographique a disparu de la ville, mais le goût des salles obscures est resté. Au Rive Gauche, on programme cet automne des films comme Good Bye Lenin !, In This World, Elephant, Anything Else, Zatoichi en VO.

Mieux, à la mi-décembre, Jacques Font, propriétaire du Rive Gauche, lancera le Méga Castillet, un multiplexe (10 salles, 2 000 places, 800 places de parking) au sud de la ville, à la lisière du quartier du Moulin-à-Vent. Il espère ainsi conquérir un public qui ne va pas au cinéma. «Je pourrais me permettre de rendre encore plus pointue la programmation du Rive Gauche. Et je deviendrais le premier exploitant à posséder à la fois un multiplexe et des salles d'art et d'essai.»

Il y a quatre ans, un groupe international, CGR, ouvrait un multiplexe à quinze kilomètres au nord de la ville. Avec parking gratuit. Les salles du centre-ville, qui appartiennent toutes à Jacques Font, fils et petit-fils d'exploitant (son grand-père a ouvert le Castillet en 1911), semblaient alors menacées. Mais Font a riposté. Il a d'abord réorienté le Rive Gauche (quatre écrans) vers l'art et d'essai et réjoui ainsi les cinéphiles locaux qui ne pouvaient compter jusqu'ici que sur l'institut Jean-Vigo, son ciné-club bimensuel, son colloque et son festival