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Libération

Les liaisons de «l'Indépendant»

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Par l'entremise du «Monde», l'épouse du maire se retrouve à la tête du quotidien régional.
publié le 29 novembre 2003 à 2h07

Alain Rollat a failli devenir directeur de l'Indépendant. C'était en 2000. Le Monde venait de prendre le contrôle du groupe Midi libre, auquel appartient le journal de Perpignan. La nomination de Rollat, à l'époque très proche de Jean-Marie Colombani, patron du quotidien du soir, aurait dû passer comme une lettre à la poste. C'était compter sans Dominique Alduy, numéro 2 du Monde et épouse de Jean-Paul Alduy, maire de Perpignan depuis 1993. «Elle s'y est méchamment opposée», raconte Alain Rollat dans son livre Ma Part du Monde (1). «Elle ne voulait pas de moi à la tête de l'Indépendant, ajoute-t-il aujourd'hui. Son mari préparait les élections municipales de 2001. Elle craignait que je commente sévèrement ses manoeuvres pour attirer sur sa liste des transfuges du Front national.»

La presse régionale n'est certes pas réputée pour son acharnement à bousculer les pouvoirs politiques locaux. Mais l'Indépendant est à lui tout seul un cas d'école. Il est né au milieu du XIXe siècle, ce qui en fait l'un des plus anciens quotidiens de France. Et dès cette époque il pratique le mélange des genres entre politique, journalisme et affaires de famille. C'est pour appuyer ses ambitions politiques que le républicain Lazare Escarguel recrée l'Indépendant en 1868 (le titre a déjà existé entre 1846 et 1848). Il faut croire que le journal, qui paraît alors deux fois par semaine, lui apporte une aide efficace : Escarguel est élu maire de Perpignan en 1870.

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