Perpignan envoyée spéciale
Novembre à Perpignan, un soleil qui donne envie de baguenauder. Dans les rues piétonnières, les gitanes passent, la nuque bien droite. Elles reviennent de leur promenade au centre-ville, enfants dans les poussettes, longues jupes noires haut fendues. Comme dirait Jean-Baptiste Vila dit Néné, prédicateur évangéliste, une gitane mariée qui se respecte ne porte pas de pantalon. Leurs rires résonnent jusqu'au bout de la rue de la Révolution-Française. Un arrêt chez Maguy pour acheter des frites, et un seuil invisible est franchi.
A deux pas des boutiques de mode et des restaurants, Saint-Jacques est un entrelacs de ruelles pentues plantées de maisons étroites et sombres. Ici, des femmes en noir papotent en catalan et des hommes bien mis discutent d'une voiture à l'autre, les coqs chantent et les enfants font la loi. Leur dernière trouvaille, le pistolet noir à billes jaunes. Pigeons, réverbères, tout y passe. «Il n'y a rien à faire, madame, ils cassent tout et on ne leur dit rien, c'est une mentalité.» On cherchait Pitou pour lui faire une visite de courtoisie et on a trouvé sa femme et deux voisines en train de râler contre les gosses. Pitou, un ancien respecté, est un jour en Espagne, l'autre chez le garagiste, parfois au cimetière. Les familles de Saint-Jacques savent ce que c'est que le malheur depuis que la drogue est entrée dans le quartier. Les commères en fichu noir s'en prennent maintenant à un gamin obèse qui déverse des croquettes pour chien d