JEUDI 8 AVRIL
La journée démarre, le patron installe sa terrasse. Jérôme tient la Table ronde, plus ancien café de Grenoble, «le deuxième plus vieux en France, juste après le Procope, à Paris». Chaises et tables grignotent la place Saint-André, dans le coeur historique de la ville. L'endroit est paisible, italien. A côté de la Table ronde, une collégiale. En face, le parlement du Dauphiné, palais magnifique et désert, où l'on rendait la justice. Les derniers magistrats sont partis voilà deux ans. Les avocats, les juges et leurs clients ont disparu. Les étudiants ont pris la place. Ils se posent aux terrasses et dans l'arrière-salle de la Table ronde.
Jérôme décharge les courses pendant que son père discute au bar. Le vieux a racheté ce bistrot en 1972 alors qu'un commerçant voulait en faire une quincaillerie. Depuis 1739, la Table ronde a toujours été un café. Longtemps littéraire Stendhal venait y siroter sa liqueur de café , puis moins bien fréquenté, jusqu'à la fermeture. Jean-Pierre Boccard en a fait une petite brasserie à la parisienne. Un joli bar triangulaire, en bois, au centre de la pièce. Des tables disposées autour, sous des affiches publicitaires du début du siècle dernier.
La Table ronde est redevenue une adresse importante de la vie grenobloise. Les tribus s'y croisent. Elus, responsables associatifs, étudiants, gens de culture, enseignants, touristes, chercheurs, fauchés. Lieu de passage et de brassage, à l'image de la ville. Passer trois jours ici, à naviguer