Quand j'arrive à Reims, je peux me représenter les rues, les maisons, les endroits où j'ai fait la fête quand j'étais adolescent, et les jardins où des filles m'ont quitté. Je peux dire, les yeux fermés, ce qu'il y a tout autour, au-delà de la ville, et même plus loin que Souain-Perthes-lès-Hurlus (sauf peut-être au nord, parce que je ne vais jamais vers le nord). Ce n'est pas de la voyance, la région est aussi statique qu'une association culturelle de loi 1901. Excepté Reims, évidemment, ville en mouvement. Il y aura même bientôt le TGV, c'est vous dire. Il faudra 45 minutes pour aller boire un verre place d'Erlon. En venant de Paris, bien entendu. De Marseille, je ne sais pas. Probablement 3 h 45, sans compter les correspondances, ni les transferts. À Paris, en trois quarts d'heure, on va de Picpus (XIIe) à Pasteur (XVe), avec la détestable ligne 6. Il n'y a pas de métro à Reims. Sous terre, on ne cache pas les transports en commun mais les bouteilles de champagne ; c'est plus festif. (Si je dis du bien de la politique de la ville, le maire m'offrira peut-être mon âge en jéroboam ?)
On dit l'accueil rémois glacial, et ce n'est pas complètement faux. Il y a quelques mois, j'ai rencontré une étudiante en médecine qui commençait son internat à Reims. Pour se retrouver là, elle ne devait pas être en tête du classement. Elle appréhendait, alors j'ai tenté de la rassurer en lui conseillant d'aller à la Comédie ; on y joue souvent de bonnes pièces. Ensuite, on peut boire un verre