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Libération
Reportage

L'Arche, hâvre spirituel de la maladie mentale

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publié le 17 décembre 1994 à 23h33

reportage

François DEVINAT

L'Arche, hâvre spirituel de la maladie mentale En 1964, un officier venu du Canada, Jean Vanier, décide de lier sa vie à celle des handicapés mentaux, en créant l'Arche. Depuis, cette communauté catholique s'est dotée de 19 centres en France accueillant 800 malades et s'est implantée dans 25 pays étrangers.

Trosly-Breuil, envoyé spécial.

- C'était en 1968, «juste après les événements». Etudiante en droit, Odile s'était aventurée à Trosly-Breuil, petit village de l'Oise bordant la forêt de Compiègne. Elle tomba sur une curieuse communauté de «fous» en liberté, avec pour tout berger un grand gaillard venu du Canada flanqué de quelques bénévoles. En guise de viatique thérapeutique, l'homme avait un diplôme d'officier de marine doublé d'un doctorat de philosophie. Longue perche dégingandée, Jean Vanier se démenait avec une trentaine d'handicapés mentaux. «On sentait une grande violence physique et j'avais très peur», se souvient la visiteuse. Mais les «dingues» culbutèrent son existence. «Ce sont eux, leur manière de nous rappeler en permanence à notre propre humanité, qui m'ont fait rester.»

Voilà vingt-trois ans qu'Odile est à l'Arche, qui vient de fêter ses trente ans salués par Edouard Balladur et Simone Veil. Aujourd'hui, les premières bâtisses achetées à Trosly-Breuil sont devenues le noyau d'une véritable constellation: 19 communautés en France où 450 «assistants» accueillent 800 handicapés; 102 autres centres dans le reste du monde répartis dans