Patients et médecins réclament les décrets d'application de la loi
de bioéthique Marseille, envoyée spéciale Votée en juillet, la loi de bioéthique a apporté un cadre juridique aux techniques d'assistance médicale à la procréation. Mais faute de décrets d'application, les médecins ignorent ce qu'ils sont réellement en droit de faire.
Il y a là deux jeunes femmes. L'une a une enfant aveugle et lourdement handicapée, qui souffre d'une maladie très rare: une neuropathologie sensitive découverte il y a à peine cinq ans. L'autre, sa soeur, n'a pas d'enfant mais est porteuse de la même anomalie génétique. Pour écarter tout risque, elle a décidé en 1993 de tenter une grossesse par don d'ovule: il s'agit de prélever des ovules chez une femme, les féconder in vitro et implanter l'embryon dans le corps de la receveuse.
Le don d'ovule est très difficile: d'abord parce que la donneuse doit se soumettre à une intervention sous anesthésie. Ensuite parce que cette opération doit avoir le jour précis de l'ovulation. Enfin parce que l'ovule ne se congéle pas. Il faut donc immédiatement le mettre en présence de sperme pour tenter de le féconder. Les rares hôpitaux français qui pratiquent cette technique demandent donc aux receveuses de trouver une donneuse.
Depuis la loi de bioéthique, cette démarche est interdite. Le don doit être anonyme et nul n'a droit d'inciter quelqu'un à donner ses gamètes, sperme ou ovules. Les deux jeunes femmes s'inquiètent: leur belle-soeur doit entamer un traitement p