Menu
Libération

Victime de l'été chaud, la bintje n'a plus la frite

Article réservé aux abonnés
publié le 21 décembre 1994 à 23h27

Victime de l'été chaud, la bintje n'a plus la frite

De mémoire d'anciens dans la pomme de terre, on n'avait jamais vu ça. Près de la moitié de la production de bintjes est bonne à jeter. Particulièrement recommandé pour les frites, le féculent cher au coeur des gens du Nord a sévèrement pâti des coups de chaleur de juillet. Il n'avait pas besoin de ça. La canicule de juillet dernier l'a surprise en pleine croissance. La bintje, habituée comme toutes les pommes de terre à alterner harmonieusement croissance et tubérisation, a vu celle-ci cette année brutalement stoppée. Et quand c'est reparti, c'est mal reparti. Sur le moment, personne ne s'est aperçu que son coeur se vidait. La bintje était atteinte du phénomène de vitrosité. Phénomène courant, mais rare lorsqu'il touche l'ensemble d'un département: le Nord.

Les patates se vident de leur eau D'extérieur, la bintje n'avait rien perdu de sa forme oblongue et de sa peau jaune, et les agriculteurs l'ont ramassée comme si de rien n'était. C'est en tas, dans les aires de conservation, qu'on a vu les dégâts. Les unes après les autres, les patates se sont mises à éclater; à se vider de leur eau, à pisser, comme on dit. Et à se contaminer les unes les autres. A l'intérieur du féculent, il n'y avait plus rien qu'un grand vide translucide. Totalement impropre à la consommation. La «pépite du Nord» ne risque pas cette année d'avoir la frite. C'est pourtant habituellement sa destination d'excellence. La structure cellulaire de sa ch