Le docteur Marie-Françoise Bourgeois-Laborit est psychiatre et chef
du service médico-psychologique à l'Institut national des jeunes sourds de Paris. Elle estime que le bilinguisme, et même le plurilinguisme, est indispensable au développement intellectuel et social de l'enfant sourd.
- En quoi l'avis du Comité d'éthique peut-il choquer? J'ai du mal à comprendre. Cet avis constitue une reconnaissance de la langue des signes, il n'est en aucun cas une obligation pour les parents d'apprendre cette langue. La langue des signes n'empêche pas les enfants sourds d'accéder au français écrit et oral. Bien au contraire, elle permet de rentrer plus vite dans la compréhension et l'expression, donc dans le plaisir de parler. On retrouve ici les mêmes oppositions que soulève en général le bilinguisme précoce qu'on accuse d'empêcher l'apprentissage correct d'une langue. Pour des parents, comme pour les professionnels, l'effort que requiert un apprentissage minimal de la langue des signes leur donne une petite idée de ce qui est demandé à l'enfant sourd pour apprendre la langue orale. Il n'est bien sûr pas question qu'ils l'apprennent parfaitement mais c'est surtout, pour les parents, un exercice de reconnaissance de la surdité.
Le rejet que suscite la langue des signes chez certains parents ne vient-il pas du fait que le langage signé apporte la preuve évidente de la surdité de leur enfant?
C'est possible. La répulsion pour la langue des signes française (LSF) ne date pas d'hier. Son interd