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La douce dépression du Prozac

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publié le 1er février 1995 à 1h35

La douce dépression du Prozac

C'est un antidépresseur comme d'autres, aux qualités reconnues et sans grands effets secondaires. Mais ce médicament venu des Etats-Unis est avant tout un mythe entretenu par de solides opérations marketing et amplifié par le bouche à oreille. Au point où, comme Kleenex ou Frigidaire, le Prozac est en passe de devenir un nom commun. Et que les chiens et les chats ont désormais droit à leur dose. Mais au fur et à mesure que la progression des ventes baisse, l'auréole s'estompe. D'autant qu'un concurrent de la «pilule du bonheur» doit bientôt être mis en vente.

Faites l'expérience. Allez chez des amis, passez à table, dégustez et comptez. Combien de fois le mot Prozac a-t-il été prononcé? A coup sûr, une fois au moins, plus peut-être. En un rien de temps, le mot est passé dans le langage courant, et le nom propre est devenu commun, banalisé comme le Frigidaire et le Kleenex. Ce n'est pas franchement surprenant. Quand plus d'un million de Français (et 11 millions de personnes dans le monde) ont tâté d'un produit, celui-ci devient plus qu'un médicament, c'est un phénomène de société et presque un style de vie. Il a suffi que le Prozac envahisse le marché français, précédé d'une auréole magique acquise aux Etats-Unis, pour qu'il devienne un mythe, synonyme de bien-être et de bonne forme. Pourtant, depuis un an, le mythe marque le pas. Pour la première fois, on constate que les ventes, qui progressaient imperturbablement de 5 à 6% chaque année, ont r