Le pseudonyme de la maladie inavouée
On voit mal comment, même si les ventes se mettent à baisser, le mot Prozac pourrait être brutalement balayé du vocabulaire des années 90. Petites phrases entendues au hasard.
«Un peu de Prozac fera l'affaire» Longtemps, la dépression a été une maladie honteuse. On la cachait à son entourage et souvent à soi-même. S'avouer déprimé, c'était passer pour un faible ou un type qui se laisse aller, comportement hautement incompatible avec les années 80. D'ailleurs, la plupart des déprimés n'étaient même pas soignés car les médecins généralistes, qui traditionnellement reçoivent dans leur cabinet l'immense majorité des déprimés, avaient - sauf exception - peur des antidépresseurs. Alors ils prescrivaient des calmants, des tranquillisants et même des fortifiants, et les déprimés étaient moins anxieux mais toujours aussi déprimés. La dépression - qui atteint en France entre 10 et 20% de la population - se traite avec une classe de médicaments bien précise, les antidépresseurs, dont fait partie le Prozac. Avec lui, la peur s'est envolée. Est-ce le marketing, aussi habile qu'insistant, des laboratoires Lilly qui a su les décider? Est-ce parce qu'il suffit d'une gélule de Prozac par jour? Est-ce le bouche à oreille? Toujours est-il que les médecins ont enfin découvert les bienfaits des antidépresseurs et que, désormais, les déprimés sont soignés pour leur maladie. «Tu devrais prendre un peu de Prozac»
Le Prozac est bien plus qu'un médicament, c'est