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Interview

Alain Braconnier, psychiâtre, spécialiste de l'adolescent et du jeune adulte : «L'isolement, un indice de la dépression chez l'ado»

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publié le 2 février 1995 à 1h32

La dépression des adolescents demeure un phénomène encore méconnu.

Souvent attribués à la crise d'adolescence, les problèmes d'humeur des garçons et des filles de 13 à 20 ans ont longtemps été négligés. Pourtant, on considère aujourd'hui que 5 à 10% des adolescents traversent une véritable période dépressive et que les deux tiers d'entre eux ne sont pas médicalement ou psychologiquement pris en charge. Le docteur Alain Braconnier, psychiatre, spécialiste de l'adolescent et du jeune adulte, alerte sur la nécessité de développer l'information sur ce sujet.

Comment expliquez-vous qu'autant d'adolescents dépressifs ne soient pas considérés comme tels?

Par manque de formation et d'information des parents, des médecins généralistes, des enseignants, de tous ceux qui côtoient quotidiennement ces adolescents. Il faut dire qu'il y a à peine vingt ans qu'on s'intéresse à cette période de la vie. Auparavant, on considérait soit qu'il s'agissait d'une crise propre à tous les adolescents, soit d'un trouble extrêmement grave qui allait entraver toute la vie future. Et puis, pour des parents, il est très difficile d'accepter la souffrance de son enfant: comme on éprouve de la culpabilité, on préfère ne pas voir ou attribuer le malaise à autre chose.

Qu'est-ce qui différencie un adolescent en crise mais qui va bien d'un jeune dépressif?

L'adolescence est par définition un âge où les choses sont mobiles. On change d'humeur, d'avis, de copains. Tantôt on est prêts à affronter les problèmes, tantô