Sucre en morceaux, le pré carré des Français
En 1875, un épicier parisien invente une machine permettant de découper le sucre en morceaux. Aujourd'hui, dans le monde, on ne le connaît qu'en poudre, mais les Français tiennent au carré blanc dans leur petit noir. Même si sa consommation baisse, le sucre n'est pas près de disparaître du zinc des bistrots ou des placards familiaux.
Strasbourg, de notre correspondant - Monument national méconnu, le sucre en morceaux fond. Victime des modifications de comportement alimentaire et du mode de vie, le morceau de sucre voit sa domination s'effriter. Il y a vingt ans, en 1973, chaque Français consommait encore 10,6 kg de sucre en morceau par an. En 1993, dernière année répertoriée, la consommation n'atteignait plus que 5,18 kg par an et par habitant. Son rival international, le sucre en poudre, cristallisé ou non, s'en sort un peu mieux en enregistrant un recul de moindre ampleur.
«Le sucre en morceaux? Ça ne se vend qu'en France. Autour de nous, l'Allemagne ou l'Italie l'ignore. Mais nous ne sommes qu'une toute petite unité, peut-être non représentative.» La sucrerie d'Erstein, en Alsace, l'une des dernières indépendantes de France, est pourtant dans le vrai. Le sucre en morceaux est une exclusivité française qui fête cette année son 140e anniversaire. Grâce à Eugène François, un épicier parisien, les Français sont les seuls à pouvoir jouir du plaisir rare du «canard», que ce soit dans son bol de café ou dans un verre de gnôle.
En 1874,