Entrée interdite aux toxicos
A Strasbourg, où est inauguré aujourd'hui le premier centre méthadone d'Alsace, des pharmaciens refusent de délivrer du Temgesic, un produit de substitution pour les toxicomanes. Une consigne de l'ordre de la profession.
Strasbourg, envoyée spéciale - Guillaume n'en peut plus d'errer de pharmacie en pharmacie, comme aux temps les plus noirs de sa galère, en quête de celui qui voudra bien honorer ses ordonnances. «Je trouve ça trop. On veut se soigner, on va voir un médecin qui vous prescrit un truc et le pharmacien refuse. Alors on lui dit: "Vous préférez que j'achète de la came ou du Temgesic?, et il nous répond qu'il s'en fout.»
Frank a de la chance. Dans son petit village, le pharmacien est compréhensif: il accepte les ordonnances et Frank ne manque pas de Temgesic. Il n'a pas pris d'héroïne depuis des mois mais les journées sont longues et la tentation parfois lancinante: à Strasbourg, capitale de l'Europe et croisée des chemins, la drogue n'est jamais très loin.
Sophie ne se drogue plus depuis longtemps. Pourtant sa vie n'est pas plus facile qu'au temps où elle en «prenait». Quatre petits enfants, un compagnon RMIste et les problèmes d'argent omniprésents. Depuis trois semaines, elle court de pharmacie en pharmacie pour assurer sa dose de Temgesic. «Ce n'est pas la peine d'avoir arrêté la drogue s'il faut maintenant revivre la même galère.»
Karim est sous Temgesic depuis deux semaines. Il arrive chez le médecin, abruti de Rohypnol. A 11heures du