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Libération
Reportage

Traduire les maux d'enfants

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publié le 18 février 1995 à 1h01

Traduire les maux d'enfants

A l'image des pionniers de l'hôpital Trousseau à Paris, certains médecins commencent à prendre en compte la douleur des enfants malades. En commençant par bannir des expressions comme: «Arrête de pleurer» ou «Mais non, ça ne fait pas vraiment mal».

- On a peine à y croire. En 1994, en France, un grand nombre d'enfants souffrent dans les hôpitaux, alors qu'ils pourraient être soulagés. «La négligence de la douleur de l'enfant reste aujourd'hui un phénomène massif», affirme ainsi Annie Gauvin-Piquard, chef de l'unité de psychiatrie de l'Institut Gustave-Roussy. Pionnière dans ce domaine, cette psychiatre et pédiatre vient de publier un ouvrage sur le sujet, Maman j'ai mal (1). Il y a bien sûr les douleurs occasionnées par les traumatismes eux-mêmes (fractures, brûlures), mais aussi celles engendrées par les traitements ou les examens (perfusions, sutures, ponctions). Or, analysent Annie Gauvin-Piquard et Michel Meignier, coauteur de l'ouvrage, «lutter contre les mille douleurs du quotidien d'un enfant malade ne mobilise pas. Il n'y aucun consensus sur la manière de les traiter. Il n'y d'ailleurs même pas consensus sur leur existence, ni sur la nécessité de les soulager». Jusque très récemment, on a encore pu pratiquer l'ablation des végétations et des amygdales sans anesthésie, «à cru» ou «à vif» selon des expressions particulièrement parlantes. Il en va de même pour nombre de circoncisions. Souvenirs de parents. Pour Annie Gauvin-Piquard, la briève