Olivier Fillieule, spécialiste des mouvements sociaux
«Des chômeurs en manque d'identité collective»
Politologue, chargé d'enseignement à l'université Jean-Monnet de Saint-Etienne et à l'Institut d'études politiques de Paris, Olivier Fillieule a dirigé un travail collectif sur les mouvements sociaux dans les années 1980, parmi lesquels ceux des chômeurs (1). Interrogé sur le répertoire des associations de lutte contre le chômage publié par le Comité chrétien de solidarité avec les chômeurs (CCSC), il distingue dans cet ouvrage les associations constituées par les chômeurs eux-mêmes des organisations caritatives traditionnelles. Il analyse les difficultés des premières à se développer et la croissance des secondes.
- Quels sont les principaux mouvements de chômeurs, leurs différences de stratégies?
L'organisation la plus ancienne est le Mouvement national des chômeurs et des précaires, qui regroupe, autour du Syndicat des chômeurs de Maurice Pagat, un certain nombre d'associations en France. Lancé en 1982, le Syndicat des chômeurs s'est fixé un objectif clairement politique: créer une instance représen- tative propre aux chômeurs pour résoudre le problème de l'articulation entre politique gouvernementale et demandes sociales des individus sans travail. La caractéristique première du syndicat est son incapacité manifeste à attirer des adhérents qui soient eux-mêmes chômeurs, l'essentiel des militants venant des communautés chrétiennes, notamment par le CCSC. D'où l'abandon dès 19