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Interview

Familles homo parentales : "L'enfant n'a que faire de la conformité si ses parents sont cohérents dans leur choix"

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Sylviane Giampino est psychologue dans le champ de la petite enfance et psychanalyste. Si elle refuse toute projection sur le devenir des enfants dont les parents sont homosexuels - «un psychanalyste n'est pas madame Soleil» - elle propose des pistes de réflexion sur cette forme de parenté.
publié le 4 mars 1995 à 2h09

Quelles sont les questions que peut se poser un psychanalyste concernant l'enfant d'un couple dont chacun des parents est homosexuel? La principale est de savoir comment cet enfant va construire sa propre identité sexuelle. Celle-ci nécessite de prendre conscience de la différence entre les sexes, de s'identifier au parent de même sexe et de se positionner face au parent de sexe opposé, sachant que dans ce cas particulier l'enfant n'est pas confronté à un couple parental homme-femme. Chaque enfant a l'intuition profonde que sa naissance est liée à un rapport sexuel, mais a besoin de l'annuler. Cette intuition que le désir sexuel de sa mère est tourné vers un homme et que le désir sexuel de son père est tourné vers une femme va l'aider à accepter son incomplétude: il va lui falloir admettre qu'il n'est (naît) que fille ou que garçon, et que c'est irrémédiable. A ce titre, la législation actuelle en France pour l'adoption et pour les PMA (procréations médicalement assistées) présente un certain intérêt. Elle oblige un homme et une femme à en passer, l'un avec l'autre, par un accord, un contrat, un accommodement, pour devenir parents, bien qu'ils ne soient pas liés par une relation amoureuse ou sexuelle. Cette forme de triangulation, un homme, une femme, la loi sociale, peut être précieuse pour l'enfant. Ces parents soutiennent leur désir d'enfant tout en composant avec la loi sociale. On peut penser que cela offre à l'enfant un modèle marginal, mais pas hors la loi, pas perver