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Libération

Le vernis sort ses griffes

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publié le 8 mars 1995 à 2h20

Dans l'Antiquité, la reine de Saba se peignait déjà le bout des

doigts avec une teinture végétale. Aujourd'hui, les grandes marques de cosmétique rivalisent de technologie pour mettre au point le vernis idéal longue durée, antichoc, rapide à appliquer, à sécher...

Peut-on trouver plus frivole que le vernis à ongles? Existe-t-il plus superficiel? Pourtant, le contenu de ce petit flacon muni d'un pinceau est explosif, et pas seulement à cause du caractère atomique que confère la laque rouge à la main d'une femme. Le leader européen du vernis à ongles est un fabricant français, Bergerac NC, installé en Dordogne, filiale de la Société nationale de poudre et d'explosifs. Il fabrique depuis 1972 de la nitrocellulose et met au point, à partir de cette dernière, des formules à peu près aussi secrètes que le missile Pershing. Le Salaire de la peur version cosmétique. Et pourtant, même avec la formule secrète sous les yeux, difficile d'imaginer la mettre en oeuvre dans sa salle de bains. «C'est un produit très technologique, convient Matthieu Pourqueray de Boisserin, qui s'occupe du marketing de Bergerac. Les contraintes varient selon les clients et les pays. Les différences de prix tiennent à la qualité des composants: selon que la base est plus ou moins évoluée, que la solution colorante possède ou non des pigments certifiés. Un vernis à 12 francs ne s'étale pas, ne brille pas et ne résiste pas de la même façon qu'un vernis à 120 francs.»

Peintures de guerre Si l'idée de se teindre les